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Reasons Why est adaptée du roman du même nom écrit par Jay Asher, paru il y a une dizaine d'années (oui, oui, j'ai ce livre dans ma
PAL depuis sa sortie française mais je ne l'ai jamais lu, allant
jusqu'à l'oublier avant que la série ne le rappelle à moi…
#shameonme). Pour tout vous dire, je n'étais plus très emballée
par son histoire et c'est bien parce que la série a généré tant
de débats que je me suis décidée à la regarder, davantage animée
par la curiosité de ce qui avait déclenché tant de discussions que
pour son intrigue en elle-même.
Synopsis
(celui du livre)
Clay
Jensen reçoit sept cassettes enregistrées par Hannah Baker avant
qu'elle ne se suicide. Elle y parle de treize personnes qui ont, de
près ou de loin, influé sur son geste. Et Clay en fait partie.
D'abord effrayé, Clay écoute la jeune fille en se promenant au son
de sa voix dans la ville endormie. Puis il découvre une Hannah
inattendue qui lui dit à l'oreille que la vie est dans les détails.
Une phrase, un sourire, une méchanceté ou un baiser et tout peut
basculer…
Ce
que j'en pense
Cette
série évoque donc le sujet, ô combien important, du harcèlement.
Elle montre comment des petites choses, insignifiantes pour certains,
ont un impact ravageur sur d'autres. Un message important, à répéter
encore et encore. Néanmoins il ne suffit pas de porter ce message,
il s'agit également de le véhiculer de la bonne façon, ce qui, à
mon sens, n'a pas été le cas ici.
La
place de la vengeance ?
La
première chose qui m'a dérangée est le sentiment d'être devant un
désir de vengeance de la part d'Hannah. Ce qui en soit est tout à
fait légitime mais parasitant dans le cadre du but visé par la
série. Ce que je veux dire par là est que j'avais du mal à placer
en Hannah la victime dans les premiers épisodes. En effet, au début
on ne connaît rien d'Hannah, on sait simplement qu'elle s'est
suicidée ; à travers ses cassettes, on va apprendre à la
découvrir, à la comprendre cependant, dans les premiers épisodes,
je me suis sentie plus proche des personnes qu'elle dénonçait. En
fait, j'étais un peu confuse, je ne savais sur quel pied danser, et
je ne ressentais pas d'empathie pour grand monde, et encore moins
pour Hannah. C'est un sentiment qui m'a poursuivi tout au long des
épisodes même lorsque j'ai compris que, oui, c'était bien elle la
victime.
Le
rôle des cassettes ?
Pour
faire suite au paragraphe précédent, le but que visait Hannah avec
l'enregistrement des 13 cassettes demeure, pour moi, encore un peu
obscur. Je n'y vois que de la vengeance ; puisqu'elle veut à
tout prix que ces cassettes demeurent secrètes à ceux qui n'y sont
pas présents, on ne peut leur associer une volonté de dénoncer le
harcèlement, de faire de ce qu'elle a vécu un exemple, permettant
peut-être d'éviter que cela se reproduise. Mais cette conclusion ne
me plaît pas, Hannah est une jeune fille intelligente et sensible,
elle sait l'impact que ses mots aura sur les personnes visées, sur
la culpabilité qu'ils engendreront. Certains la méritent
clairement, d'autres y faisaient déjà face. Encore une fois,
j'étais confuse, perdue au milieu d'émotions contraires.
La
souffrance d'Hannah ?
On
arrive à l'un des deux points que j'ai vraiment trouvé
problématique dans cette série, la question de la souffrance
d'Hannah. Je ne doute pas qu'elle ait souffert, en théorie,
néanmoins je n'ai pas ressenti cette souffrance, très probablement
une conséquence des deux points précédents mais toujours est-il
que le fait est là. Si je devais résumer cela très grossièrement
(j'insiste sur le qualificatif de grossièrement), j'ai eu
l'impression qu'elle s'est suicidée sur un coup de tête. Tant de
temps a été consacré à dénoncer les actes des autres, qu'il en
restait peu pour se concentrer sur l'évolution psychologique
d'Hannah. J'ai ressenti sa colère et sa tristesse, mais à aucun
moment une véritable dépression, à l'origine pourtant de la
majorité des suicides, dont a priori celui d'Hannah. Elle évoque
très tardivement le suicide, 11ème ou 12ème épisode, et même là,
on se s'attarde pas plus amplement dessus. Par contre pour montrer
tout le suicide, ça il y avait le temps…
Le
voyeurisme ?
Enfin
la construction même de la série m'a gênée. A chaque épisode
équivaut une cassette et donc un fait, on comprend vite qu'il y a
une augmentation de la gravité des actes dénoncés par les
cassettes. Cela place le spectateur devant une montée en puissance
dont l'apothéose serait le suicide d'Hannah, montée rendue
addictive par les cliffhanger de fin d'épisodes. J'ai été très
mal à l'aise par cette utilisation du suspense dans le but de donner
envie au spectateur de connaître ce qui a conduit une jeune fille au
suicide. En deux mots, j'ai trouvé ça malsain et voyeuriste.
En
conclusion
Vous
pouvez me dire que cette série a, au moins, le mérite d'avoir mis
le sujet du harcèlement en avant mais comme je le disais au début
de cet article, ça ne me suffit pas. A mon sens, trop de défauts
entourent la transmission de ce message.
Hello ! Tu adoptes un point de vue intéressant et que je n'avais pas encore lu, mais je m'y retrouve totalement. Tu as mis les mots sur ce que je ressentais : le manque d'empathie pour Hanna.
RépondreSupprimerJe n'ai pas eu l'impression qu'elle était si harcelée, un gamin comme Tyler a l'air d'être plus embêté par les autres qu'Hanna. Du coup j'ai un avis peut-être un peu méchant ou pas très abouti ? sur elle : j'ai eu longtemps l'impression d'avoir devant les yeux une ado qui dramatisait absolument tout et qui en attendait énormément des autres (ex : de la part du Clay ou de la part du conseiller d'éducation)
Sa dernière cassette est peut-être celle que j'ai trouvée la plus "manipulatrice" ? parce qu'elle décide d'aller voir le conseiller, elle enregistre toute la discussion à son insu, comme si elle cherchait une preuve qu'elle fait bien de se suicider parce que "regardez personne ne m'écoute, personne ne m'aide".
Et ça m'a vraiment dérangée qu'elle se suicide parce qu'elle en attend trop des autres, qu'ils voient sa souffrance alors qu'elle leur interdit l'accès à son mal-être vu qu'elle ne leur en parle pas ou qu'à moitié et refuse toute aide, si minime soit-elle.
En bref, j'aime beaucoup l'avis que tu as sur cette série, il est différent et très bien pensé !
J'avais peur que mon avis divergeant par rapport à tout ce que j'ai entendu soit pas très bien pris du coup ton retour me rassure.
SupprimerC'est vrai qu'elle semble dramatiser un peu mais je pense que ça fait partie de ce que veut montrer la série, que ça peut arriver à tous, que c'est pas forcément visible et surtout très complexe.
J'avais oublié la coup de la dernière cassette, mais alors oui je suis tout à fait d'accord avec toi !
Je n'ai pas commencé la série mais j'ai le livre dans ma PAL j'espère que ça le fera avec moi.
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