Déracinée

DÉRACINEE

Naomi Novik

Edition Pygmalion

Résumé

Patiente et intrépide, Agnieszka parvient toujours à glaner dans la forêt les baies les plus recherchées, mais chacun à Dvernik sait qu'il est impossible de rivaliser avec Kasia. Intelligente et pleine de grâce, son amie brille d'un éclat sans pareil. Malheureusement, la perfection peut servir de monnaie d'échange dans cette vallée menacée par la corruption. Car si les villageois demeurent dans la région, c'est uniquement grâce aux pouvoirs du "Dragon". Jour après jour, ce sorcier protège la vallée des assauts du Bois, lieu sombre où rôdent créatures maléfiques et forces malfaisantes. En échange, tous les dix ans, le magicien choisit une jeune femme de dix-sept ans qui l'accompagne dans sa tour pour le servir. L'heure de la sélection approche et tout le monde s'est préparé au départ de la perle rare. Pourtant, quand le Dragon leur rend visite, rien ne se passe comme prévu...

Ce que j'en pense

J'ai entendu des choses assez mitigées à propos de ce roman qu'on peut, du coup, associer à ce genre de livres "on adore ou on déteste". Quand je l'ai vu sur un rayon de la médiathèque je me suis dit que l'occasion de me faire mon propre avis sans y laisser trop de sous se présentait et.. j'ai plutôt bien fait.

J'ai trouvé qu'il y avait un problème de rythme. On a un départ sur les chapeaux de roues avec la découverte d'un royaume avec ses coutumes, ses lieux et ses personnages. C'est dynamique et concis, le cadre et l'intrigue sont clairement posés sans pour autant que l'histoire prenne 200 pages à démarrer. Et puis, gros passage à vide. L'action s'essouffle et je me suis ennuyée, tant et si bien que j'ai perdu l'envie de connaître le dénouement qui, même si l'action y est à nouveau présente, m'a laissé de marbre.

Ensuite j'aimerais relever un passage, au début du livre, qui est vraiment gênant sur une tentative de viol. Agnieszka vient donc d'arriver dans la tour du Dragon et Marek, le prince du royaume, débarque pour y passer une nuit et là :

« Ce n'était pas qu'il [Marek] prenait plaisir à me dominer. J'étais toujours muette, et mon opposition se résumait à quelques gifles confuses. J'étais incrédule : cela ne se pouvait pas, pas avec le prince Marek, ce héros ; il ne pouvait certainement pas me désirer. Je ne criai pas, je ne suppliai pas, et je pense qu'il n'imaginait pas que je résisterais. Je suppose que, dans une maison noble ordinaire, n'importe quelle domestique se serait volontiers glissée dans sa chambre pour lui épargner la peine d'avoir à chercher une partenaire. D'ailleurs, j'aurais probablement été moi-même consentante s'il m'avait posé clairement la question et laissé le temps de me remettre de mes émotions pour lui répondre. Je luttais davantage par réflexe que pour le repousser. »

Et, un peu plus tard, réaction du Dragon : « Qu'est-ce qui t'es passé par la tête ? Pourquoi as-tu enfilé cette robe ridicule, si ce n'est pour le séduire ? ».

Bon j'imagine que je n'ai pas trop besoin de revenir sur le traitement très problématique de cet événement… Ce qui me questionne d'autant plus est la raison de cette tentative de viol dans le récit. C'est planté là sur une demi-page et ce n'est pas exploité, on y fait nullement référence dans la suite. Alors pourquoi ? Pourquoi nous infliger ça ?

Le reste de l'intrigue est assez chouette, l'entité maléfique du bois m'a plu et j'ai aimé la façon dont celui-ci a été exploité. J'ai un faible pour les histoires de forêts, je me confesse. Agnieszka est également une héroïne agréable à suivre, indépendante et tête brûlée. J'ai néanmoins moins aimé la romance dans laquelle elle est impliquée, que j'ai trouvé prévisible et peu vraisemblable.

Je peux donc conclure cette chronique en clamant avoir eu une lecture très mitigée. Du bon, du beaucoup moins, du carrément énervant et de l'ennui.