lundi 10 avril 2017

La chute


LA CHUTE
Albert Camus
Edition Folio
Très (très) belle lecture !


Résumé

"Sur le pont, je passai derrière une forme penchée sur le parapet, et qui semblait regarder le fleuve. De plus près, je distinguai une mince jeune femme, habillée de noir. Entre les cheveux sombres et le col du manteau, on voyait seulement une nuque, fraîche et mouillée, à laquelle je fus sensible. Mais je poursuivis ma route, après une hésitation. [...] J'avais déjà parcouru une cinquantaine de mètres à peu près, lorsque j'entendis le bruit, qui, malgré la distance, me parut formidable dans le silence nocturne, d'un corps qui s'abat sur l'eau. Je m'arrêtai net, mais sans me retourner. Presque aussitôt, j'entendis un cri, plusieurs fois répété, qui descendait lui aussi le fleuve, puis s'éteignit brusquement."


Ce que j'en pense

Camus est un auteur que je voulais découvrir depuis longtemps (depuis que ma prof de français en seconde nous lisait, superbement, des extraits de L'Etranger pour être exacte), c'est grâce à Lemon June que j'ai franchi le cap, bien des années plus tard.

J'ai lu ce roman en ayant l'impression d'être sous hypnose. Dans la plume de Camus, dans l'histoire, il y a quelque chose qui vous attrape et ne vous lâche plus. Le besoin qu'a notre personnage à se (dé)livrer à cet inconnu, croisé dans la foule anonyme des voyageurs, devient tout aussi vital au lecteur. Et c'est un petit peu nous, lecteurs, qui nous nous confessons (oui, l'effet cathartique a très bien fonctionné pour moi !).

Si je vous parle de catharsis, c'est que J-B. Clamence est rongé par la culpabilité et par l'auto-justification. C'est un personnage qu'on ne peut aimer, autocentré, toutes ses actions entreprises dans un but d'auto-congratulation malsaine. Et pourtant. Pourtant ce besoin viscéral de se justifier auprès d'inconnus pour alléger sa conscience parvient à noircir, encore, le personnage. En effet, il est insupportable de voir qu'il parvient, avec son charisme et sa verve, à toucher son auditoire (si celui-ci ne creuse pas ses propos). Tout ça pour dire que ce texte fait resurgir nos petites culpabilités et hontes, les décortique, pour nous laisser pantelants, à demi-rassurés de la marge que l'on a par rapport à J-B. Clamence.

Je ne peux finir sans évoquer le talent de l'auteur ; virtuose de la plume, il décrit avec brio les ressorts de l'esprit humain. A travers le monologue de son personnage, il raconte l'emprise d'un événement rongeant, inexorablement, certitudes et convictions, amenant J-B. Clamence à une descente aux enfers particulièrement jouissive pour le lecteur (et c'est qu'on en culpabiliserait presque !).

C'est un court roman que je vous conseille fortement, que vous soyez un grand habitué de la littérature classique ou non. Quant à moi, je vais m'empresser de replonger dans un livre de Camus !

4 commentaires:

  1. Coucou! Ta chronique donne envie alors que ce n'est pas le genre littéraire que j'apprécie... Merci pour cette découverte!

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  2. Si tu veux te replonger dans Camus, je te conseille Noces et l'été, un recueil tout simplement magnifique et profondément humain. Bonne lecture !

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  3. Très envie de découvrir du Camus, merci pour ta chronique !
    Belle journée.

    Elodie
    http://lafoliedesmotsetdesimages.blogspot.fr/

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  4. J'ai bien aimé ta chronique, ça m'a donné envie de lire L'Etranger de Camus qui est dans ma PAL. :)

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