LES PUTES VOILÉES N'IRONT JAMAIS AU PARADIS !
Chahdortt Djavann
Edition Grasset
Résumé
Ce roman vrai, puissant à couper
le souffle, fait alterner le destin parallèle de deux gamines
extraordinairement belles, séparées à l’âge de douze ans, et les témoignages
d’outre-tombe de prostituées assassinées, pendues, lapidées en Iran. Leurs voix authentiques, parfois crues et teintées d’humour noir, surprennent,
choquent, bousculent préjugés et émotions, bouleversent. Ces femmes sont si
vivantes qu’elles resteront à jamais dans notre mémoire. À travers ce voyage au bout de l’enfer des mollahs, on comprend le non-dit de
la folie islamiste : la haine de la chair, du corps féminin et du plaisir.
L’obsession mâle de la sexualité et la tartufferie de ceux qui célèbrent la
mort en criant « Allah Akbar ! » pour mieux lui imputer leurs
crimes. Ici, la frontière entre la réalité et la fiction est aussi fine qu’un cheveu de
femme.
Première phrase : Surnommée la ville aux mille visages, située au nord-est de l'Iran, non loin de l'Afghanistan, sur la route de Gengis Khan, ville des martyrs, des poètes, des passionnés d'astronomie, ville sacrée, haut lieu de pèlerinage qui abrite le magnifique mausolée de l'imam Reza, dont l'immense coupole dorée, les grands jours de chaleur, reflète le soleil et éblouit le commun des croyants comme s'ils s'étaient égarés au beau milieu des feux de l'enfer, ville sainte où affluent des millions de fervents musulmans, ville de drogue, de trafiquants, ville généreuse, accueillante, ouverte jusqu'aux cuisses et à l'entrejambe de ses femmes, de ses putes : Mashad est la ville où s'est déroulée cette histoire incroyable.
Ce que j'en pense
Dans ce roman, pas si romancé, la
voix des femmes iraniennes s’élève. Si la prostitution est le thème principal
de ce livre, ces femmes nous parlent avant tout d’elles-mêmes, de leur vie en
tant que femme dans ce pays où la femme n’est rien.
C’est un texte, sans grand
étonnement, difficile. Difficile parce qu’il est impossible d’accepter,
impossible de comprendre, l’injustice dont les femmes sont les victimes.
Indignation, révolte et je peux continuer longtemps dans ce champ lexical, nous
montent à la gorge. C’est un texte dont la lecture est également rendue
difficile par le vocabulaire, cru, et par la mise à nue, tout aussi crue, de
l’intimité de ses femmes.
J’ai beaucoup aimé la liberté
donnée à ces prostituées, assassinées, celle de pouvoir, enfin, s’exprimer. Celle
de pouvoir s’exprimer comme bon leur semble ; le pouvoir des mots saute
aux yeux, il y a une telle rébellion dans leur langage ! Cependant, malgré
la certaine jouissance que l’on peut en ressentir, j’ai trouvé ce style de
narration un peu lassant. J’ai eu l’impression de la vulgarité pour la
vulgarité, j’aurais aimé un peu plus de subtilité peut-être…
La force de ce livre est celle
d’offrir la parole aux femmes, c’est par leur témoignage que s’élèvent les
injustices qu’elles subissent. Je suis ressortie de ma lecture un peu
déboussolée, il m’a fallu quelques jours pour y réfléchir posément. Et je ne
doute pas que ça soit sa vocation, celle d’amener son lecteur à réagir et à
maturer le texte.
Que vive la femme libre , libérée et libérale !!!
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