LE POUVOIR
Naomi Alderman
Edition Calmann Levy
Résumé
Et si les femmes prenaient enfin le pouvoir dans le monde entier ?
Aux quatre coins du monde, les femmes découvrent qu'elles détiennent le "pouvoir".
Du bout des doigts, elles peuvent infliger une douleur fulgurante - et même la mort.
Soudain, les hommes comprennent qu'ils deviennent le "sexe faible".
Mais jusqu'où iront les femmes pour imposer ce nouvel ordre ?
Ce que j'en pense
Le
moins que l'on puisse dire est que cette sortie de début 2018 a déjà
beaucoup fait parler d'elle. A mes yeux le potentiel de son sujet
était indéniable et pouvait mener à un récit plus que brillant
ou, au contraire si mal exploité, frôler la catastrophe. Vous le
verrez, mon avis est finalement plus nuancé.
Le
problème que j'ai rencontré avec cette lecture est sa lenteur. Le
récit se fait à quatre voix, quatre personnages nous livrent leur
histoire ; c'est un choix de narration difficile, accrocher
l'intérêt d'un·e lecteurice à autant d'histoires en parallèle
est un sacré défi qui, à mon sens, n'a pas été rempli ici. Dans
la première partie du roman, il y a beaucoup de questionnement sur
ce fameux pouvoir – comment l'obtient-on, peut-on le contrôler,
etc, etc – et nos personnages placent leurs jetons en fonction des
réponses qui arrivent au fur et à mesure. Il y a donc très peu
d'action, le coeur de l'intrigue est mis sur la projection de nos
personnages au sein d'un monde où le pouvoir serait présent et
répandu. Alors en soit l'idée est bonne mais à quatre voix, c'est
long. Très long. Trop long. C'est aussi frustrant parce qu'au bout
de quelques pages quand tu commences à entrer dans les raisonnements
de ton personnage, que tu comprends les ficelles qu'il ou elle
commence à tirer, bam, personnage suivant.
L'autre
point qui m'a gêné, et cette fois je ne m'en suis pas rendue compte
immédiatement, c'est la similitude de la vision de nos personnages.
J'ai mis un temps fou à ne plus les confondre et pourtant, leurs
histoires, origines, sexe sont différents, par contre tous se
rejoignent sur leur exploitation du pouvoir : en faire un moyen,
coûte que coûte, d'accéder à leur volonté de .. eh bien .. de
pouvoir. Que ce soit par la religion, la drogue, la politique ou les
médias, tous les quatre ont exploité l'apparition du pouvoir pour
atteindre les places les plus influentes de ce nouvel ordre en
perdant peu à peu leur empathie et leur idéalisme de départ. Alors
oui, c'est tout à fait crédible, mais j'aurais aimé davantage de
diversité.
Néanmoins
cette lecture n'est pas non plus une déception, il y a beaucoup de
petites choses que j'ai trouvées à la fois glaçantes et réalistes
(même si encore un peu de frustration d'être resté en surface pour
beaucoup de ces éléments). Du viol à l'image d'homme-objet, on
comprend très vite que le monde ne tourne pas plus rond avec les
femmes en position de force. Il y a cette citation, assez
représentative de cet univers sombre que nous brosse l'autrice :
L'un
des deux demande « Pourquoi ont-ils fait ça […] ? »
Et
l'autre répond : « Parce qu'ils le pouvaient. »
Et
c'est la seule réponse qui sera jamais.
C'est
une lecture qui a été laborieuse, presque interminable, que je ne
regrette toutefois pas. C'est une sacrée expérience de lecture, qui
pose des questions et ouvre à la réflexion. Je vous la conseille
donc si le sujet vous intéresse.
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